King-Koontz: Origine

Le vent soufflait sur les plaines de Sikerol, petit village au nord des terres d'Alidhan.

Constantin, le mage du village nettoyait sa toge dans le cours d'eau traversant le village lorsque des cris parvinrent à ses oreilles. Il prit sa baguette, enfila sa tenue détrempée, et se hata vers Sikerol, situé à quelques pas de là en amont.
Une horde de guerriers, d'archers et de magiciens, tous vétus de bleu, attaquaient le village sans défense. Ils s'en prenaient à la population, peu habituée à manier les armes. Massacrant hommes et enfants, ils capturaient les femmes, pour mieux abuser d'elles ensuite.
Sa baguette à la main, Constantin lançait ses projectiles magiques à tout va contre les envahisseurs. Les magiciens adverses ripostaient à leur tour, mais Constantin, en magicien habile, leur retournait leurs propres projectiles, les froudrayant sous l'impact.
Les archers décochaient autant de flèches qu'ils pouvaient vers leur coriace adversaire, protégeant les guerriers qui tentaient de s'en approcher pour en finir avec lui. La bataille faisait rage, et Constantin sentit qu'il ne pourrait plus tenir très longtemps face à autant d'adversaires, bien décidés à le faire capituler. Et si les guerriers l'attrapaient, il était perdu.
Les guerriers gagnaient du terrain. C'est alors que les habitants de Sikerol, revitalisés par l'envie de vaincre de leur magicien, et laissés un peu à l'écart par les envahisseurs, prirent les choses en mains: ils rammassèrent les épées, et archers des ennemis tombés sous les coups,
et commencèrent à repondre à cette horde de barbares.
Ne s'attendant pas à une telle réaction de la part des habitants, et commençant à voir leurs rangs s'éclaircir, les ennemis replièrent bagages et repartirent dans leurs contrées.

La bataille était terminée.
Pour le moment.

La population rescapée s'agglutina vers Constantin, et les éloges fusèrent. Un conseil des sages du village fut organisé et, à l'issu de celui-ci, Constantin fut proclamé roi du village, à titre honorifique.

Le roi Constantin prit alors la résolution de former une armée pour défendre son village contre les envahisseurs. Il choisit ceux qu'il pensaient les plus robustes, et leur enseigna l'art de la guerre. Aux plus sages, il leur enseigna sa magie, et leur confectionna des baguettes
capables de foufroyer quiconque porterait atteinte à Silkerol. Enfin, aux plus adroits, il confia des archers et des flèches.

Les attaques ennemis se répétaient sur le village. Tantot par des barbares en bleus, tantot par des barbares en rouge. Mais les dégats que leur imposaient les envahisseurs étaient minimes, les habitants de Sikerol étant maintenant rompus à l'art de la guerre.

Jugeant que le village n'avait plus besoin de lui pour se défendre, et bien décidé à savoir ce qui se tramait au sud de son pays, le roi Constantin pris une dizaine de ses hommes, et fit ses adieux à Silkerol.

Plusieurs jours durant, il marchèrent vers le sud, rencontrant parfois des ennemis, qu'ils laissèrent agonisant sur le bord des chemins. De plus en plus souvent, il leur arrivait d'apercevoir une tribue dont les uniformes étaient, contrairement aux autres, d'une couleur d'un vert soyeux.
Ceux-ci ne montraient aucune aggressivité envers eux, mais ils préféraient tout de même les éviter, autant que faire se pouvait.
Alors que le roi et ses accolytes doutaient trouver quelques chose sur leur route, un village se dressa au loin. Constantin dirigea sa troupe vers celui-ci, et pris des chemins détournés pour y arriver en se montrant un minimum. Les terres alentours paraissaint peu sûres. D'étranges
créatures peuplaient les herbes hautes. Ils rencontrèrent ainsi des champignons piquant ou même des fourmis dorées, entre autres bêtes immondes.
Un garde barrait l'entrée du village.
Après quelques discussions étranges à propos d'exilés, il les laissa passer. Le Village était très peuplé. Des mages, des moines, des archers et des guerriers étaient sans cesse sur le qui-vive, à surveiller qui s'approchait trop près. Bon nombre d'entre eux portaient une tunique verte.
Le roi Constantin se dirigea vers une auberge, et posa quelques questions à l'aubergiste avant de prendre des chambres pour son armée. Il apprit ainsi qu'il se trouvait à Cyrosh, terres de Zelandra, et qu'une guerre politique avait éclaté à Alidhan, formant trois alignement: les royalistes, les éxilés, et le cartellois. Peu importait son alignement, l'aubergiste était prêt à leur fournir une chambre, du moment qu'ils avaient quelques pièces d'or.
Chemin faisant vers sa chambre, le Roi Constantin rencontra un jeune cartellois, qui lui demanda qui il était, et ce qu'il faisait dans son village. Le tout dans un anglais que le Constantin maniait à la perfection suite à ses différentes aventures au nord de Sikerol. Il lui répondit donc, dans
ce même langage: "King Constantin". Le jeune cartellois, tenta de répéter ce nom, mais ne put que sortir quelque chose s'approchant du "King Konts and team"?.
Ca sonnait pas mal. Constantin décida alors de modifier son patronyme, et lui confirma: "Yes, King-Koontz and it's my team".

C'est ainsi que le mage Constantin devint King-Koontz aux yeux des cartellois.
Le lendemain, au sortir de leur chambre, toute son armée arborait un gorille sur leur tenue, marquant ainsi leur appartenance à l'armée de King-Koontz.


à suivre

Ainsi donc, King-Koontz se lia-t'il d'amitié avec l'aubergiste, et lui et ses hommes batirent leur refuge en ce lieu.
Ils se nommèrent alors: les "King-Han".

Lentement, Constantin apprit à connaitre les environs, à débusquer les monstres tapis dans les recoins du territoire. Il prétait également main forte à diverses personnes rencontrées lors de ses pérénigrations sur les terres cartelloises.
Acceptant diverses missions, il les avait remplis avec brio, remportant ainsi quelques deniers bien utiles pour payer l'aubergiste.
D'ailleurs, l'aubergiste n'avait aucun scrupule à laisser entrer l'ennemi dans son auberge. King-Koontz avait été surpris plusieurs fois à son réveil, mettant un pied dehors, par un ou deux malfrats profitant de son état vaseux pour lui mettre une correction.

Tout comme dans sa ville natale de Sikérol, de nombreux raids ennemis avaient lieu ici, à Ceth. Mais les ennemis semblaient bien plus forts...
Le jeune mage prit donc son temps pour apprendre les rudiments du combats qu'il ne connaissait pas encore. De nouveaux sortilèges, et de nouvelles armes lui furent vendues, et c'est ainsi qu'il prit la résolution de quitter Ceth et d'aller au devant des ennemis.
Ses hommes, quand à eux, avaient lié connaissance avec le peuple de Ceth, et ils decidèrent de rester préter mains fortes à leurs nouvelles familles.

C'est ainsi que King-Koontz se dirigea seul plus en avant dans les contrées de ce royaume.
Nouveaux services rendus, nouveaux spécimens étranges sur le bord des chemins. Et toujours plus d'ennemis rencontrés.

Lassé d'être seul, il accepta d'intégrer une jeune équipe qui l'invita à les rejoindre. Les "Barons du cartel".
Au coté de Randall, Lotto, BuckBlader, Arskal, VinDiesel, et d'autres, il poursuivit son chemin quelques temps. Jusqu'à ce que l'ambiance se détériore lorsque leur baron fut arrété par les grands inquisiteurs.
Voyant ses compagnons de bataille fuir vers d'autres armées, King-Koontz tentait de tenir la barre. Puis, un beau jour, il abdiqua.
Se rendant compte que survivre seul parmi ces terres se révélerait impossible, il se résolu à trouver une guilde où l'entraide serait de mise, où l'ambiance serait propice à se détendre après une journée de batailles.

S'éloignant toujours plus en avant dans le pays, King-Koontz arriva à une ville carrefour: Mérulik.
Les batailles y étaient légions entre les trois clans. Le magicien se rendit compte qu'il n'était toujours qu'un être bien faible au regard de ces guerriers qui se pourchassaient dans les rues de Mérulik.
Tant bien que mal, il se frayait un chemin, apprenant toujours de nouvelles techniques de combats. Il découvrit aussi de nouvelles plantes bienfaisantes apaisants les maux.

Nombreux étaient les cartellois qu'il croisa alors. Chacun arborait les armes de leurs guildes respectives, et Constantin commença à les suivre dans leur demeure.
Observant les domaines de chacune des guildes dont il avait suivi les membres, aucune ne lui semblait réellement correspondre à ce qu'il cherchait.

Puis il rencontra Axelle.
Un dialogue s'était noué avec la baronne. Ils discutèrent longuement ensemble, et le magicien lui demanda le chemin de son domaine.
Elle l'accompagna, le laissant, comme il le souhaitait, observer les allées et venues de chacun.
Il avait de suite su que cette guilde était celle qui lui fallait.

Après quelques jours, prenant son courage à deux mains, King-Koontz se décida à présenter sa demande de recrutement au sein des "Shaï-Hulud"...
https://shaihulud.forumactif.fr/bureau-de-recrutement-f19/king-koontz-t1953.htm

à suivre

King-Koontz avait donc intégré les huludiens alors qu'il était encore un jeune magicien.
Lentement, il avait pris sa place au sein de la communauté, se liant d'une amitié forte avec Oursman.

Il avait fait aussi la plus belle des rencontres, qui lui avait amené l'amour.
La belle Chouchoutte était entré dans sa vie, dans son coeur, et l'avait aidé à évoluer sur les terres dévastées d'Alidhan.
Une nouvelle famille, une femme aimante à ses cotés, des amis proches. Sa vie avait été des plus agréables.

Il avait grandit et était devenu huludien pour de bon. Il avait même été accepté à la tête de leur communauté, lui, petit mage sans prétention.

Aujourd'hui, il se sentait las.
Las de parcourir ces terres, et il sentait sa fin proche.
King, habitué à chasser avec ses compagnons et amis, les avait vu partir les uns après les autres.
Ils savaient que nombre d'entre eux été réapparus sous une autre forme, mais ils étaient si loin...
Et chouchoutte? Où était-elle? Que faisait-elle?

La solitude le gagnait petit à petit.
Certes, il retrouvait ses frères dans la demeure huludienne, mais c'était bien souvent pour des prises de décisions, pour régler des problèmes politiques ou autre.
Il avait besoin d'autre chose...

Ses origines lui manquaient. Il avaient besoin de se ressourcer et de retourner voir les siens, trop longtemps abandonnés.
Alors, il pris la décision d'abandonner temporairement sa famille adoptive.

Maladroitement, il avait aussi abandonné Chouchoutte, l'amour de sa vie, ne voulant pas l'embarquer dans son malêtre.
Libérée du magicien, elle ne resterait pas à l'attendre, lui qui ne savait pas lui même s'il reviendrait un jour.

King expliqua alors à ses frères qu'il partait rejoindre Sikérol, sa ville natale trop longtemps abandonnée. Les siens lui manquaient...
Il laissa alors sa couronne à son ami de toujours, Oursman, lui laissant la lourde responsabilité de maintenir l'ordre au sein des huludiens.

Puis il prit la route pour retrouver sa famille d'origine.
Le magicien allait mourir bientot, et c'est auprès des siens qu'il voulait le faire... tranquillement, l'esprit reposé...

"Adieu, mes frères..."

Alors qu'il prenait la route vers Sikérol, l'air commençait déjà à se glacer doucement autour de lui...

Lorsqu'il quitta à nouveau son village natal, il promit aux siens de revenir les voir plus souvent.
Leur tournant le dos, il dépassa les plaines de Sikerol, avant de traverser Ceth et Méru, pour retrouver BaronCrapo à Gonk.

Le baron allié et King s'était donné rendez-vous en ce lieu, King voulant voir ce fameux Stecchine.
Le magicien était las, et cette séparation d'avec Chouchoutte l'avait mis à plat. Il avait cru comprendre que ce Stecchine pourrait le faire revivre.

Après avoir glané quelques informations de ci de là sur les ingrédients nécessaires au sorcier, King les avait rassembler dans ses coffres. BaronCrapo, après s'être délesté de ses nombreuses potions auprès d'Arckness, l'aida à aller chercher tout ceci dans l'antre des brigands.Une fois fait place nette, King pu récupérer ses biens, tout en y laissant sa tenue de magicien. A ce qu'on lui avait dit, il n'en aurait plus besoin.

Le trajet jusqu'au vallon des chasseurs de temps fut long et délicat. Semé d'ennemis et de monstres en tout genre auxquels il ne valait apparemment mieux pas se frotter.

Alors qu'il avançait en regardant loin devant lui, King ne fit pas attention au loup qui allait se jeter sur lui. S'en apercevant trop tard, il chercha son bâton magique.
En vain!
Il était resté au coffre!

Voyant cela, BaronCrapo fit marche arrière et se jeta sur King au moment même où le loup bondissait. Ils roulèrent sur quelques mètres. Puis ils se relevèrent et poursuivirent leur chemin alors que le loup retournait en son terrier.

Enfin, ils aperçurent Stecchine au milieu d'un marécage infesté de tritons. Une nouvelle fois, BaronCrapo s'interposa et renvoya ceux-ci d'où ils venaient, laissant la voie libre au magicien.

Impressionné, King-Koontz s'approcha de l'homme étrange....

"- Bonjour King-Koontz. Je t'attendais...
- Vous m'attendiez? Mais comment...
- Je te connais depuis ton plus jeune âge, vois-tu. Je suis un maître du temps, je connais chaque personne vivant en ce monde. Il est un moment, dans la vie d'un homme ou une décision doit être prise. Et ce moment est arrivé pour toi.
Je te sais fatigué de ta vie de mage. Je sais aussi que tu as tenté dernièrement de mettre fin à tes jours, et que tu as préféré briser le coeur de ta bien aimée plutôt qu'elle ne meurt de chagrin par ta disparition.
Je sais également que tu n'as pas eu le courage d'aller au bout de ton geste, et que tu regrettes certains de tes actes passés.
Ce que je te propose, ce soir, c'est de recommencer une nouvelle vie. Repartir sur de bonnes bases, et retrouver le gout de la jeunesse. Je te propose de te débarrasser une fois pour toute de ce vieux corps de magicien que tu ne supportes plus. Ton esprit ne sera pas perdu, et tes pensées et souvenirs te suivront dans ta nouvelle enveloppe charnelle.
As-tu tous les ingrédients pour que je puisse accomplir mon oeuvre?"

Le maître du temps fixait le regard de King-Koontz, tentant de sonder si celui-ci était prêt pour cette nouvelle épreuve.
Le magicien sorti les objets de son sac, gardant pour lui quelques potions de dextérité. BaronCrapo lui rendit les quelques carapaces qu'il avait porté pour lui.
Déposant le tout aux pieds de Stecchine, King-Koontz répondit:

"- Je suis prêt!"

Alors que le maître posait sa main sur la tête du magicien, celui-ci l'interpela:

"- Attendez!
Vous m'avez dit que mes souvenirs et pensées suivraient dans mon nouveau corps... Mais... Je ne pourrais continuer à regarder Chouchoutte sans ressentir l'amour que je porte pour elle...
- Tu me demandes de l'oublier?
- Non! Je veux garder tous mes souvenirs. Les bons comme les mauvais. Je voudrais simplement ne plus la voir avec les yeux de l'amour.
- Hummm... Entendu! A partir de maintenant, tu ne verras plus jamais Chouchoutte avec les yeux de l'amour, si tel est ton souhait. Tu en es bien sûr?
- Complétement sûr!"

Stecchine posa de nouveau la main sur la tête de King-Koontz, et prononça des propos que le magicien ne compris pas.
Puis, tout s'éteignit devant lui.

"- Mais..Que.. Que m'avez-vous fait?
- Je ne puis rien contre les sentiments, cher mage. Mon seul pouvoir consiste à maitriser les cinq sens humains. Dorénavant, tu seras donc aveugle. C'est le seul moyen pour que tu ne puisses plus la regarder avec amour.
Pour compenser ce manque, tes autres sens vont se développer petit à petit, te garantissant la maitrise du monde qui t'entoure.
- Je.. comment vais-je vivre si je ne vois plus? Rendez-moi la vue!
- Ce qui est fait, peut-être défait, King-Koontz. Mais le veux-tu réellement? Es-tu prêt à rentrer auprès des tiens et à croiser son regard chaque jour qui passe, et la voir heureuse aux bras d'un autre?
- Je... Je... Non..
- Aprends à vivre ainsi! Et lorsque tu te sentiras prêt, reviens me voir...Enfin, façon de parler..."

Un sifflement soudain. Puis une brulure.
Une flèche venait de se planter dans son épaule, lui faisant ressentir une légère douleur.

"- Un franc tireur royaliste, intervint BaronCrapo. Il accompagne un archer! Les tritons vont les ralentir un petit moment, mais faites vite!
- Ils sont en avance, remarqua Stecchine.
- Dépéchez-vous! faites moi revivre! Viiite!"

Stecchine reprit alors la cérémonie, et le magicien acquiesçait à chaque phrase sans même écouter ce qu'il lui racontait.
Tandis qu'il entendit BaronCrapo s'écrouler sous les flèches du franc-tireur, le sol se déroba sous les jambes de King-Koontz, et il disparut du marécage...

Le soleil lui brûlait la peau, et le sol était rocailleux sous son corps.
La pénombre régnait autour de lui, et il peina à se relever sous les courbatures que sa position inconfortable lui avait imposées.

Le soleil si fort sur sa peau... Le désert...
Il s'était donc assoupi quelque part dans les jardins de la Shaï-Hulud... Tout ceci n'avait été qu'un rêve.
Mais pourquoi faisait-il noir alors qu'il sentait les rayons du soleil le bruler?

Aveugle.. il était aveugle...

Mais alors.. ce Stecchine... Il l'avait vraiment rencontré?
Il porta sa main à son épaule, et ressenti la douleur que la flèche lui avait laissée juste avant que le maître du temps ne le fasse disparaitre.
Alors cette fois, il était réellement aveugle, et il ne pourrait revenir en arrière sans retourner voir cet homme étrange, qu'il n'était pourtant pas pressé de revoir.

Dans le noir, le magicien commença à errer dans le désert, et à appeler autour de lui.
Le bruit réveilla un archeri, situé non loin de là, qui lui sauta dessus. King-Koontz voulut lui balancer un projectile magique mais il se rendit bien vite compte qu'il était mains nues, et qu'il devraient changer sa manière de se battre et revenir à ses instincts bestiaux. Il décrocha alors un direct du droit à l'archerie, le propulsant au sol. Avant qu'il ne se relève, King s'empara d'une fiole dans son sac, et la vida, augmentant ainsi sa dextérité. Ainsi, les archeries qu'il croisa sur son chemin ne lui posèrent pas de problèmes.

Butant contre quelques rochers, King continua son chemin, toujours à la recherche d'âmes qui vivent. La présence d'archeries lui avait confirmé qu'il était en terrain hostile et inconnu. Alors qu'il commençait à désespérer, il entendit une petite voix l'appeler:

"-Psstt! Psstt! Toi là-bas! Viens donc me voir..."

Méfiant, mais heureux d'entendre enfin une autre voix que la sienne, King-Koontz se dirigea vers l'origine de l'appel.

"-Je suis là, nabot!"

La voix venait du sol.
King s'agenouilla sur le sable, et tendit une main en avant. Ses doigts rencontrèrent la substance visqueuse et désagréable d'un... crapeau!

"-Bas les pattes, nabot! Retouches moi encore une fois, et je te transforme en iguane. D'autres que toi s'y sont essayés, et tu devrais les rencontrer non loin d'ici dorénavant.
Je suis ta seule porte de sortie. Si tu veux retrouver les tiens, tu devras bien m'écouter et passer les différentes épreuves que je t'ai choisies. T'en sens tu capable?"

King, peu habitué à discuter avec un crapeau, aquiesca pourtant.

"-Je suis Bur, et je suis ici pour vérifier que tu mérites ta nouvelle vie. Prouves moi tes valeurs...."

King, stoppa sa respiration quelques instants, et fit le vide autour de lui, se laissant imprégner des bruits ambiants.
Plus au sud, il pouvait entendre des archeries souffler dans leur cor. Et des bruits sauvages d'iguanes se faufilant entre les rochers.
Vers l'est, une sorte de claquement. Ce bruit lui évoquait quelque chose... mais quoi?
Soudain, une forteresse se dessina dans son esprit. Il vit le drapeau huludien flotter au vent, faisant claquer sa voile. C’était ce même son qu'il entendait maintenant. Ce pouvait-il qu'une forteresse se tienne en ces lieux? En tout cas un drapeau n'était pas très loin.

Désireux de prouver sa valeur au crapeau, King parti à l'aventure et, se dirigeant au son des cors, s'acharna de longues heures contre les archeries peuplant cet endroit.
Lorsque son sac fut rempli des trophés récupérés sur leur corps agonisant, King retourna voir Bur, et lui jeta aux pieds les cors récupérés lors des combats.

Ensuite, celui-ci lui demanda se prouver sa rapidité et de lui ramener une plante poussant au pied d'un drapeau. Un sourire vint se poser sur le visage de Bur. Il avait l'air de penser que l'handicap du manant allait lui poser quelques problèmes.

King, calmement, se dirigea vers le claquement qu'il entendait au loin. Sur le chemin, il buta contre un rocher, et entreprit de le contourner. Ses pieds rencontrèrent alors une surface mouvante. Hésitant, il avança doucement avant de se rendre compte qu'il s'agissait d'un pont en rondins de bois. Il le traversa rapidement. Le claquement était désormais tout proche, plein nord. King courut vers lui, et se fraquassa le crâne contre le mât du drapeau. Tombant à la renverse et quelque peu sonné, ses mains rencontrèrent la fleur que Bur attendait.King s'en empara prestement, et fit le chemin en sens inverse. Ses sens avaient mémorisé le chemin, et il fit le retour sans encombre jusqu'au crapaud à qui il tendit la fleur.

"-Je vois que tu es rapide, nabot! Mais les fleurs ne marchent pas avec moi. Et j'ai ouï dire que ça ne marchait plus non plus avec une dénommée Chouchoutte..."

King se jeta sur le crapeau et le fit tomber à la renverse. Alors qu'il se préparait à le frapper, celui-ci disparu et réapparu derrière lui.

"-Je vois que tu es prêt, nabot. tu as bien mérité de retrouver les tiens. Mais auparavant, désires-tu connaitre le pouvoir de la terre, ou celui de l'eau?"

King revoyait encore sa belle Chouchoutte batifoller dans les eaux de leur Oasis. Elle qui aimait tant le pouvoir de l'eau. Devenir aquamancien, ce serait comme avoir une part d'elle en lui...

"-Apprenez-moi le pouvoir de l'eau, et ramenez moi chez moi!

Bur s'aprocha alors doucement du King, et lui déposa un baiser baveux sur le front.

"-Pouah! Mais que fais-tu, sale crap.."

Le manant n'eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà son corps se rigidifiait, sa peau rosacée prenant lentement la couleur bleutée de la glace. Des spasmes le secouèrent durant la transformation, et le jeune aquamancien sentait son coeur devenir dure comme un glaçon. Il le sentait se refermer à tout type de sentiments amoureux.

Dorénavant, il serait l'aquaveugle au coeur gelé.
Et la seule à pouvoir lui réchauffer le coeur serait la belle Chouchoutte.

"-Te voilà aquamancien, cher mage. Et si tu veux quitter ce lieu, il te faudra me rendre ce baiser.
-Jam... "

Désirant plus que tout retrouver les siens, King se pencha doucement vers le crapeau et, dans un geste de dégout, posa ses lèvres sur son front. Il s'évanouit dans la seconde...

Lorsqu'il rouvrit les yeux, la pénombre était toujours présente.
Il sentait le sol bouger sous lui, sans pouvoir dire où il se trouvait.

Puis, une odeur marine lui parvint jusqu'aux narines, lui laissant deviner la raison de ce tangage.

Un bateau! Il se trouvait sur un bateau!

Mais que faisait-il là? Et comment était-il arrivé ici?
Doucement, la mémoire lui revenait... Mage.. Maitre du temps... Cécité... Crapeau.. Renaissance... Baiser...
King se frotta les lèvres et cracha devant lui à ce dernier souvenir.
Sa tête était sur le point d'imploser, et il porta ses mains de chaque coté de son crâne lorsqu'une voix lui parvint:

"- Et bien! Je commençais à croire que vous ne vous réveilleriez jamais!"

Tournant la tête dans la direction de la voix, King-Koontz n'aperçut toujours que les ténèbres.

"- Approches-toi. Viens, n'ai pas peur."

King se releva doucement, et marcha dans la direction de la voix.
L'inconnu s'étant tu, King n'avait plus de repère pour se diriger, et il s'arrêta un moment, s'imprégnant du silence. Bien que la respiration de l'inconnu n'émettait qu'un infime sifflotement, King pouvait néanmoins la percevoir. Il lui sembla que le son s'intensifiait dans sa tête, lui indiquant le chemin à prendre pour se diriger jusqu'à l'origine de la voix.
Le magicien s'arrêta net devant l'inconnu.

"- Où suis-je? et que me voulez-vous?
- Tu es sur la barque qui t'emmènera vers ta nouvelle vie. J'ai une question à te poser avant de te laisser partir.
- Allez-y !
- Désires-tu rejoindre le monde des ermites ou rester auprès des tiens au sein du Cartel de Brumebois?
- Sans hésitation, je vous répondrai que je désire rester auprès de miens.
- Qu'il en soit ainsi !"

King-koontz senti une main se poser sur son épaule, puis le sol redevint fixe sous ses pieds.
Des cris.. Des gens couraient autour de lui. Il reconnu la voix de la fille à la bougie.
Il était de retour à Cyrosh... Sauf que cette fois-ci, il ne voyait rien...

Ayant parcouru longuement ces terres durant sa première vie, c'est sans hésitation qu'il prit le chemin le ramenant auprès des huludiens...

Son cœur était lourd.

Son ami, son frère était parti. Ceci sans même l'en avertir.
Tournant et retournant dans le manoir toute la journée, King pris la résolution de retrouver son ami. De retrouver la complicité qui lui manquait tant auprès d'Oursman.

C'est le cœur lourd et plein d'émotions qu'il posa sa main sur le battant fermant l'accès au domaine huludien. Ici se trouvaient sa vie, sa famille.
Comprendraient-ils son choix? Et Chouchoutte? Elle qui avaient toujours su trouver les mots pour le retenir, qui lui avait tendu la main lorsqu'il était sur le bord de la faille, prêt à sauter dans le vide...
King ne voulait pas abandonner des frères, mais il le fallait.
Pour Oursman. Pour son frère de sang.

L'aqua ouvrit finalement les larges portes, et sortit dans le désert, partant à la recherche de son ami.

Le cœur serré, il se tourna une dernière fois vers les siens, et murmura dans un souffle:

"Shaï un jour, Shaï toujours..."

Le vent balayait les larmes qui lui coulaient sur les joues...

Une longue maladie rongeait King depuis de long mois déjà.
Il se mourrait et dépérissait à vue d'œil.

Cela ne pouvait plus continuer...
Il retira son collier et le rendit à celui qui était encore son baron.

Sa vie avait été bouleversée peu de temps auparavant par la connaissance d'une jeune fille qui disait être sa fille. Il l'avait recueillie, et l'avais écoutée longuement. Ce soir, elle dormait dans la chambre d'à coté. Nulle doute que le choc serait immense pour elle, mais King ne pouvait plus lutter. Son acte serait emplis d'égoïsme, mais il n'avait que peu souvent pensait à lui.

L'aqua se débarrassa de ses armes, vida ses coffres, et déposa le tout sur la table, accompagné d'un petit mot pour sa fille, expliquant son geste.

Il ouvrit doucement la porte de la chambre, et vint embrasser une dernière fois sur le front la jeune magicienne qui dormait profondément.
Il lui susurra dans un souffle:

"-Bonne chance à toi, ma princesse, je te laisse tout ce dont tu auras besoin pour bien grandir sur ces terres souillées par les combats..."

Puis, les larmes aux yeux, il se dirigea vers la faille. Fermant les yeux, il se pencha en avant, laissant la gravité faire son travail, et l'emmener vers les profondeurs...
Chacun des visages huludiens passèrent dans sa tête, et c'est avec un sourire qu'il tombait dans le vide en se remémorant tous les bons moments passés en leur compagnie.
Le dernier visage qu'il vit fut celui de Chouchoutte, la femme qu'il n'avait cesser d'aimer...

Le choc fut si terrible que l'aqua n'eut pas le temps de souffrir...