MagicalPrincess: Les origines

Un fracas la réveilla, rapidement suivi par un cri.
La jeune Zora se leva brusquement et attrapa sa baguette posée sur le coté de son lit. Un réflexe qui l'amusa un peu, vu qu'à part faire disparaitre un gécko peureux, elle n'avait jamais vraiment su se servir de ses pouvoirs tout juste naissant.

Un second cri, rapidement suivit pas d'autres parvint jusqu'à elle.
Elle s'approcha d'une fenêtre, et vit un barbare tout de bleu vêtu égorger un des hommes du village.
Son repas de la veille lui remonta alors subitement, et elle le restitua dans un coin de la pièce.

Elle aperçut d'autres hommes, d'autres ennemis. Elle se releva, essuyant sa bouche du revers de sa toge.
Peu importait sa connaissance de la magie, elle ne pouvait pas laisser une horde de barbares envahir et détruire son village.

Alors qu'elle s'apprêtait à en découdre avec l'ennemi, elle sentit une main se poser sur son épaule, et la tirer en arrière.
Un coup de baguette, une étincelle qui vient frapper le visage de l'intrus, et une main qui se fait plus insistante sur elle.
Michella, sa gouvernante, se frottait la joue.
"C'est pas avec ça que tu vas pouvoir aider la communauté, ma petite. Tu risques tout juste de te faire enlever et traiter comme une esclave!".

Zora s'apprêtait à rétorquer lorsque Michella la prit par la main et l'emmena avec elle. Elle ouvrit une trappe inconnue de la magicienne et la poussa en avant. S'engouffrant derrière elle, la gouvernante lui posa une main sur les lèvres.

"Ne dis rien et attends. Les hommes du village vont régler ça. Et j'ai vu ton père arriver en courant. Sa puissance de feu ne fera qu'une bouchée de ces barbares."

Un rai de lumière traversait leur cache. La jeune fille colla son œil à l'interstice laissant entrer le soleil et observa en silence.
Lorsqu'elle aperçut Constantin, son père, se jeter dans la bataille, dispersant ça et là des boules de feu, elle fut soulager de voir que l'avantage tournait enfin en la faveur des villageois. Sous la bravoure du magicien, les hommes du village avaient retrouvé un regain d'énergie et, ramassant les armes des ennemis tombés sous les coups, ils firent enfin fuir les barbares.

Quelques temps plus tard, son père fut nommé Roi de Sikerol. Le Roi Constantin. Et quand il la serrait dans ses bras, il s'était mis à l'appeler sa princesse.

...

Zora n'avait qu'une dizaine d'années lorsque son père décida de quitter le village pour explorer les terres du sud.
N'ayant pas connu sa mère, morte en lui donnant la vie, elle se réfugia dans les bras de Michella, sa gouvernante.
Auprès d'elle, elle apprit les rudiments de la vie.
La journée, elle observait les soldats du village s'entrainer au maniement des armes et aux techniques de combats, et le soir, elle reproduisait les mouvements. Très vite, elle apprit à former de réelles boules de feu et un jour, lors d'une attaque ennemie, elle réussit même à blesser un archer, alors qu'elle observait les combats derrière un tonneau pour continuer son apprentissage.

Et puis une nuit, alors qu'elle pleurait comme souvent son père l'ayant abandonné, elle prit la décision de partir à sa recherche. Elle était maintenant en âge de combattre, et Michella n'avait plus rien à lui apprendre. Laissant un petit mot sur sa table de chevet, elle emporta une robe de rechange et parti vers le sud...

Au petit matin, la gouvernante ne trouva rien d'autre que ce message:

"Michella, pardonnes moi.
Je t'ai toujours considéré comme ma mère, tu m'as beaucoup appris, et je t'en serai toujours reconnaissante. Mais papa me manque.. Je dois le retrouver, j'en ai besoin..."


Une larme perla à l'œil de la gouvernante. Elle redoutait cet instant depuis un moment déjà et s'y était préparée, mais cela lui fit un pincement au cœur...

"Bonne chance à toi, princesse..."

De longs jours durant, elle se dirigea vers le sud, se cachant lorsqu'elle entendait des ennemis potentiels s'approcher.
Elle avait encore amélioré sa technique de combat en chassant le gibier pour ses repas, mais n'osait toujours pas s'aventurer à rencontrer des hommes armés sur le chemin.

Ses souliers étaient usés, et la fatigue se faisait sentir de plus en plus à chaque pas. Enfin, un beau jour, elle arriva dans un village nommé Ceth. Elle commença alors sa quête de celui qu'elle cherchait.
Partout, à chaque fois qu'elle croisait quiconque, elle lui demandait si il connaissait un dénommé Constantin. Chaque fois la même réponse. Non.

Elle était lasse, ses recherches étaient infructueuses. Elle commençait à désespérer, et s'enquit d'une chambre où se reposer en attendant de repartir plus encore vers le sud.
A tout hasard, lorsqu'elle commanda un lit, elle demanda à l'aubergiste.

"- Constantin? ça me dit vaguement quelque chose, oui. Mais il passe tellement de monde par ici...
Mais bien sur! Un roi, non?
- C'est ça, oui, le roi Constantin! Vous le connaissez?
- Pas vraiment, mais ça m'a marqué... Il tentait de discuter avec un anglophone, il y a bien longtemps, et "King Constantin" s'est vite transformé en "King-Koontz and team". Je ne sais trop où il peut se trouver dorénavant, mais une chose est sûre, il se fait désormais appeler King-Koontz."

Enfin, une piste! Le cœur de Zora se mit à battre plus fort.
Exténuée, elle s'effondra néanmoins sur son lit, et s'endormit comme une masse. Dans ses rêves, elle retrouvait son père...

Zora avait donc parcouru les terres hostiles à la recherche de ce fameux King-Koontz, rencontrant chaque jour d'avantage d'ennemis.
A mesure de ses avancées, elle se perfectionnait dans le maniement de la magie. Certains combats la laissèrent dans un état proche du trépas, mais elle s'était toujours accrochée à la vie pour le revoir ne serait-ce qu'une fois.
Suivant toutes les pistes, n'en négligeant aucune, la jeune femme parvint un jour à connaitre l'endroit exacte où se trouvait le puissant aquamancien, et c'est le cœur plein de joie qu'elle se dirigea vers lui.

Alors qu'elle arrivait au pied d'une falaise, un cri déchira le soir naissant.
Elle couru en avant et, au détour d'un virage, elle aperçut quelques personnes agenouillées autour d'un fatras de vêtements. Elles étaient penchées en avant, et avaient le visage ruisselant de larmes.
Zora s'approcha doucement, et découvrit alors un écusson en forme de gorille sur la toge verte que les femmes pleuraient.
Ses jambes la lâchèrent, et elle faillit tomber, se retenant auprès d'un rocher. Ses forces lui revinrent soudainement, et elle se jeta en avant, bousculant les personnes sur sa route. Elle s'effondra sur le corps désarticulé de l'homme qui venait de se jeter du haut de la falaise.
Le prenant dans ses bras, elle lacha un cri étranglé par les larmes, devant des personnes qui la regardait, surprise, ne la connaissant de nul part:

"-Papaaaaaaaaaaaaaaaaaa..."

Le corps de King-Koontz gisait au pied de la falaise. Le tenant dans ses bras, sa fille Zora.
Un peu plus loin sur la droite, un parchemin roulé était tombé de la poche de l'aquamancien durant sa chute. Une Belle aquamancienne s'en saisit, lut l'entête et se dirigea vers Zora.
Le visage ruisselant de larmes, elle s'agenouilla auprès de la jeune fille, lui mit une main sur l'épaule et lui tendit le rouleau:

"-Je pense que ceci est pour toi... "

Sur le parchemin était inscrit d'une écriture soignée: "Pour Zora, ma fille...".

Zora regarda le parchemin, puis la jeune femme, visiblement peinée. Elle ne comprenait pas ses paroles ou du moins, elle ne les entendait pas, encore sous le choc. Ces yeux se posèrent sur le rouleau. Les larmes lui troublaient la vue, mais elle finit par y lire son prénom, et s'en empara aussitôt.
Elle s'essuya les yeux, tenta sans réussite de retrouver ses esprits, déroula le parchemin et le lut:


Zora, ma fille chérie...

Tout d'abord, je tiens à m'excuser auprès de toi, car si tu tiens cette lettre entre tes mains, c'est que mon heure est venue.
Oui, Zora. Je n'en puis plus de cette vie, je suis vieux et las. A de nombreuses occasions déjà, j'ai tenté de mettre fin à mes jours, et chaque fois, mes amis étaient là pour me sauver.
Mais cette fois, leur amour ne suffira pas, j'en ai peur.

Je t'ai abandonnée il y a si longtemps. J'ai retrouvé une famille ici, auprès des Shaï-hulud.
Dès le départ, ils m'ont accueillis et m'ont fait avancer, faisant de moi un grand combattant. Mais par la même, cette attache si forte m'a éloigné de toi et de Sikérol, ma terre natale.
Sache, malgré tout, que je ne t'ai jamais oubliée et que tu as toujours été présente dans mon coeur. Nombreux étaient les soirs où, allongé sur ma couche, mon esprit repartait vers mon royaume et reparcourait mes souvenirs, te voyant jouer avec un bâton pour imiter ton pôpa (comme tu aimais à m'appeler ^^).

Les Shaï-Hulud ont été ma nouvele vie, ma nouvelle famille.

Il y a d'abord eu Oursman, d'apparence ronchon, prêt à frapper quiconque l'approcherait de trop près. Pourtant, il s'agit d'une méthode de défense. En fait, il est adorable, et c'est un bon gros nounours. Nous sommes arrivés en même temps ici, et nous avons grandi comme des frères. Je le considères d'ailleurs ainsi... J'espère que tu t'entendra bien avec lui si d'aventure tu as la chance de le croiser.
Ano, mon parrain. Il m'a tout appris des femmes, ce vil coureur de jupons^^ Ce fut un baron formidable.
Beaucoup de belles rencontres en tout cas, mais je ne puis toutes te les citer, ce n'est pas l'objet de ce petit mot.

Un jour, en visite chez les Shai, une jeune magotte apparut. Mon coeur a soudainement fait un bon en l'apercevant.
Elle était le portrait de ta mère.
De grands yeux où apparaissait un océan bleuté. Un visage rendu radieux en permanence par un sourire ne mourrant jamais. Elle avait les traits fins et le visage parfaitement dessiné.
Je me suis approché d'elle, croyant à une réincarnation de ta mère, et je l'ai abbordé.
J'ai appris à la connaître, et ensemble, nous avons véçu des moments inoubliables.
Nous nous sommes aimés...

Puis nous nous sommes séparés...
J'ai alors tenté de noyer mon amour pour elle auprès d'autres femmes. Mais au final, cette magotte n'a jamais quitté mon coeur blessé...

Aujourd'hui, je ne sais que faire souffrir d'autres femmes. Mon coeur est malade et je ne pourrais continuer plus longtemps à vivre ainsi...
Si tu lis cette lettre un jour, Zora, suis la personne qui te l'auras remise jusqu'au manoir des Shai-hulud (où tu seras très bien accueillie, je suis sûr) et demande à parler à cette femme qui a tant fait battre mon coeur.

Cette femme se nomme Chouchoutte, et elle saura répondre à toutes les questions que tu pourras te poser à mon sujet.

Je sais que tu n'as pas connu ta mère, morte en te donnant la vie. Dieu sait que je l'ai pleuré. Elle était magnifique. La grâce, la joie de vivre l'incarnait.
Si tu te demandes encore à quoi pouvait ressembler ta mère, regarde bien Chouchoutte, écoute là parler sagement et tu en auras un bon aperçu...

Une dernière requête, si tu veux bien. Fais savoir aux Shais que je les ai toujours considérés comme ma famille. Que j'ai passé de très bons moments à leur cotés. Que sans eux, je ne serais rien devenu. Que je les aime, tout simplement...


Zora, je te demande une fois de plus de bien vouloir me pardonner...

Ma petite princesse magique.... Adieu...


Elle s'assit alors sur le rocher sur lequel elle s'était rattrapée quelques minutes plus tôt et relus le rouleau 2 fois, saisissant mieux le texte alors que son coeur se calmait. Puis elle s'effondra de nouveau en larmes. De longues minutes passèrent avant que les sousbressauts qui animaient sont corps ne s'arrêtent.

Elle releva enfin la tête et regarda l'aquamancienne qui lui avait tendu le rouleau.

"-Je.. Je dois aller chez les Shaï-Hulud.. Vous pouvez m'y emmener? J'aimerai leur ramener le corps de mon père. Je pense que c'est là-bas qu'il doit reposer... Et puis.. je dois voir une dénommée Chouchoutte, aussi..."

Les yeux de Zora étaient toujours baignés de larmes, mais celles-ci ne glissaient plus sur ses joues. Elle semblait retrouver un peu de constance.
Elle voulait surtout se montrer digne de son père...
...