Lune pleure

Lune errait dans les couloirs du manoir.
Rien de ce qu'elle croisait elle ne remarquait.
Son esprit dans sa fureur était tourné vers l'intérieur.
Fureur ? Non. Tristesse sans fond, elle tournait en rond.
Elle se sentait torturée et par-dessus tout déchiré.
Celui en qui sa confiance elle avait placé venait de l'abandonner.
Du bruit, des paroles. Ses amis essayaient de la réconforter.
Elle ne pouvait entendre que son coeur se fendre.

Les murs qui défilent, les passages elle enfile,
le halètement de la course, les pièces s'entrechoquent dans sa bourse.
L'air frais, enfin, à l'extérieur trouvera-t-elle sa fin ?
Un cri surgit dans la nuit.

Piping avait tenté de sonder la demeure à la recherche de Lunedemort mais rien à faire. Seul les magiciens cartellois pouvaient exercer leur pouvoir en ces lieux. Nul autre ne pouvait violer le bouclier qu’ils avaient créer en leur demeure.

Il lui arrivait souvent de se considérer comme une personne méprisable. La souffrance qu’elle semait autour d’elle l’avait, de nombreuses fois, fait vomir. Et le soir de ces exploits sanguinaires, elle pleurait en silence d’avoir malmener des ennemis qui somme toute ne faisait que défendre leur conviction. Cette guerre lui rappelait d’autres souvenirs douloureux.
Aussi, ce soir-là, la fuite éperdue de la jeune guerrière et la douleur de celle-ci résonnèrent aux creux de ces tempes. Il était temps pour elle d’agir enfin, non pas en éxilée, mais en jeune femme au cœur noble, révélant par la même occasion l’humanité, qu’on disait lui faire défaut, mais qu’elle ne faisait que garder pour ceux auxquels elle pouvait apporter son secours.

La magie ne fonctionnant pas, elle suivit son instinct, tournevira dans les couloirs sombres de la demeure, des couloirs qu’elle ne connaissait même pas. Seule le sillon de douleur la guidait.

Non

La jeune guerrière se tenait devant elle, les épaules secouées de sanglots.
Piping prit son courage à deux mains, et s’approcha en silence de celle-ci. Elle attrapa les épaules de la jeune femme, la tourna lentement vers elle et la prit dans ses bras.

Pleure, pleure. Là n’est pas le remède, mais cela à au moins le mérite de soulager quelques instants…

Lune de mort leva la tête vers le ciel. Là se trouvait sa fidèle amie.
Sur l'astre blanc elle vit (ou fut-ce son imagination ?) se dessiner l'ombre d'un grand chien noir. Celui-ci tenait une rose dans la bouche, et baissait les yeux vers elle. Oh Darkdog, puisses-tu revenir à tes premières amours.
Puis, secouant la tête elle tenta de chasser ces rêves, et céda à la pression qu'exerçait Piping sur ses épaules. Soupirant, elle rentra dans le manoir en compagnie de l'exilée.

c'est alors qu'Axelle croisa Piping accompagnée de son amie Lune, la mine bien triste et le regard absent dailleur..

" mes Dames bonjour.." dit elle enjouée puis elle regarda Lune, inquiéte et ajouta de sa douce voix :
"Lune, quelque chose ne va pas? tu me sembles bien eteinte, toi qui resplendit la bonne humeur d'habitude?..oh je me méle peut etre de chose qui ne me regarde en rien..excuses moi..en tout cas, si je peux faire quoi que ce soit pour te faire retrouver ton sourire, celui qu'on aime tant, fais moi signe.."

Mais la jeune moniale se demandait bien si ses paroles avaient été entendues ou si elles avaient glissé sur Lune tant la jeune femme parraissait completement inexpressive.

Lune de mort rentrait lentement au manoir,
Et Piping la soutenait pour l'aider à marcher.
Elle croisèrent Axelle alors que tombait le soir.
Celle-ci parla, mais sur Lune les mots ne firent que glisser.

Elle sentit que Piping s'arrêtait,
Et se dit qu'il fallait qu'elle se reprenne.
L'amulette de Fée de son coeur elle approchait
Quant elle sentit la douleur lâchait les rennes.

Elle entendit alors Axelle parler,
Et lui répondit d'un sourire éclatant.
Tellement éclatant que c'en était inquiétant.
Dans sa gaieté nouvelle, l'amulette elle essaya d'éloigner.

Quelle ne fut pas sa surprise
De voir son emprise.
Elle ne pouvait se dégager !
Cela surpassait sa volonté.

Mais elle se sentait enfin bien
Alors pourquoi ne pas la laisser
Près de son coeur, remplaçant le chien
Et près de son sein l'accrocher ?

Ses compagnes avaient remarqué
Qu'un changement en Lune s'était fait
Ne comprennant pas pourquoi elle riait
Alors qu'elle aurait dû pleurer

Sa main en choeur elles prirent
Et ainsi l'amulette de sa poitrine elles éloignèrent.
La douleur revint serrer Lune dans son étau de fer
Et elle se sentit mourir.

Mais ce n'était, hélas, qu'une sensation
Et bien vivante, la douleur elle sentait toujours.
Exténuée moralement elle reprit mon parcours
Pour aller faire ses ablutions. (Désolée, rien trouvé d'autre !)

En chemin elle s'arrêta, pensant
Qu'il faudrait qu'elle avertisse Fée
Des pouvoirs à double tranchant
Que recellait l'amulette donnée.

Peut-être aussi devrait-elle lui donner
Sa bague de fiançailles
Car auprès d'elle la garder
Ne lui disait rien qui vaille.

Lune entra dans le manoir, après sa chasse qui serait la dernière de l'année. Ses amis avaient fait la fête la veille au soir pour fêter Noël, et la plupart étaient déjà couchés. Elle avait elle-même profité un peu de ce temps de fête, et avait croisé en chemin le père Noël qui lui avait donné une bourse pleine de pièces d'or.
Elle se faufila discrètement dans les couloirs. Elle n'avait jamais aimé les adieux et ne tenait pas à croiser quelqu'un, maintenant qu'elle partait. Elle avait déjà préparé son baluchon, qu'elle jeta sur ses épaules.
En partant, elle ne put s'empêcher de jeter un oeil dans la chambre de Baguera et Axelle. Tout allait bien, elles dormaient à poings fermés. Elle adressa une pensée à la belle elfe, et sortit. Elle avait croisé Indochin un peu plus tôt dans la journée, ainsi que Kaleydos, et n'avait pu de ce fait échapper à quelques adieux. Mais ces adieux n'étaient pas définitifs, et elle serait de retour bientôt.