la tombe à la rose

Sidonie attendait que le soleil se lève. Silencieusement, elle s'était faufilée hors du manoir de sa nouvelle guilde, vêtue de vêtements sombres comme ses pensées. Elle avait chevauché d'un galop rapide en direction de la falaise, au bord de la mer, là où elle avait laissé son coeur, il y avait déjà si longtemps.

Assise sur cette pierre blanche qui l'avait accuillie de nombreuses fois, elle fixait l'horizon, attendant de voir poindre les premières lueurs de l'aube. Elle frissonnait, mais l'humidité de l'air n'y était pour rien.

Lorsque le soleil apparut, elle se leva et se dirigea vers le chêne majestueux qui se dressait face à la mer, solitaire, comme elle en ce matin brumeux.

Elle s'agenouilla lentement devant une petite tombe ornée d'une simple dalle blanche sur laquelle aucun nom n'était inscrit. Une larme roula sur sa joue, déposant un sillon humide au coin de ses lèvres.

Sans dire un mot, elle creusa un petit trou devant cette pierre tombale et y déposa une graine qu'elle recouvrit délicatement de terre.

enfin, elle murmura

Elaryon, mon amour, ma vie... tu m'as laissée il y a déjà si longtemps. Depuis des lunes j'erre seule comme une âme en peine à travers les mondes, n'ayant dans le coeur qu'un mélange de haine et de tristesse, cherchant sans relâche la moindre trace de ton passage sur cette terre, à la recherche de cet infâme traitre qui a mis fin à tes jours.

Mon coeur pleure cet amour perdu à jamais. Mais j'ai beau y faire, ton souvenir s'éloigne comme les nuages à l'horizon que je ne peux suivre.

Il faut que je te dise tout l'amour que j'ai pour toi, tu resteras à jamais dans mon coeur.

Toutefois, depuis quelques jours, mon coeur semble s'éveiller à nouveau. Moi qui le croyais sec et aride comme le plus chaud des déserts, je ressens à nouveau en moi le frisson d'un amour naissant.

Je ne sais de quoi sera fait mon chemin, la seule certitude qui résonne au plus profond de mon être est celle-ci... ce chemin ne sera plus solitaire. Ano m'attendait sur le bord de la route et désormais nous cheminerons ensemble, jusqu'au bout. Il m'a ramenée à la vie, à la lumière, moi pour qui tout soleil semblait éteint à jamais. Je l'aime d'un amour pur et sincère, aussi profond que le gouffre qui nous sépare désormais toa et moa. Je sais que, là où tu es, tu veilleras sur moa et sur cet amour naissant.


Sid se tut un instant, les larmes de soulagement coulant sur son visage, puis reprit


Adieu mon amour, mon âme. Je retourne au monde de la lumière.

A ces mots, elle se releva, les yeux rivés sur le petit tas de terre meuble où dormait cette promesse de vie. Une légère brise agita les branches du vieux chêne, arrachant un murmure à ces vieilles branches noueuses.

Sid sourit et s'en retourna vers sa lumière, le sourire aux lèvres.